Prise en charge : adultes

Le suivi des adultes porteurs d'un implant cochléaire débute après la chirurgie mais n'a pas de limite dans le temps. Il nécessite l'acceptation de ce suivi par le patient et l'adhésion au projet rééducatif.

Le suivi post-implantation

Le suivi doit s'organiser autour de l'accompagnement du patient, du réglage de l'implant cochléaire et de la rééducation orthophonique. Le suivi permet de rassurer, écouter, encourager, conseiller la personne « à nouveau entendante ». Il facilite la prise de conscience par l’entourage de la qualité effective de l’audition (qui ne sera jamais comme celle d’une oreille normale). Des réunions permettent des rencontres entre les patients et les équipes qui informent l’actualité de l’implant et favorisent l’accès aux associations. Il en résulte une meilleure intégration sociale et professionnelle, un retour à une autonomie partielle ou totale.

Au cours du suivi, les audiologistes et les orthophonistes vérifient les seuils T et C de l'implant au cours de séances régulières de réglage, la bonne utilisation de l'implant, mise en évidence des pannes et des dysfonctionnements. L'efficacité auditive avec l'implant est comparée avec les performances antérieures. De nouvelles stratégies de réglage sont testées. Le patient est accompagné dans le développement de nouvelles compétences (utilisation du téléphone et de différents accessoires, écoute de la télévision etc.)

La motivation et le travail personnel du patient jouent un rôle important dans le processus de rééducation. Les échanges sont plus riches avec l’entourage qui connait les nouvelles possibilités et les limites (ne pas parler trop fort, bien articuler).

Objectifs

  • Repérer les difficultés à court et long terme
  • Aider à l’appréciation de l’évolution par le patient lui même
  • Répondre aux questions qui surgissent
  • Avoir une image de ce que le patient entend au quotidien
  • Acquérir de nouvelles compétences (téléphone, écoute dans le bruit)

Implantation des surdités acquises

Rassurer sur la « normalité » des premières sensations. Elles peuvent être, au début, désagréables (voix de canards, métalliques..) et donc décevantes. Les orthophonistes accompagnent le patient dans l’adaptation à ses nouvelles sensations auditives.

La compréhension avec l’implant cochléaire n’est pas immédiate et demande un délai d’adaptation qui varie entre les patients.

Figure : Reconnaissance dans le silence

- violet : moyenne
- bleu : écart-type
- n=2251 patients

Le binôme régleur-orthophoniste évalue les performances pour cibler la rééducation et les réglages : travail dans le bruit, écoute de la musique, repérage spatial, utilisation du téléphone, potentialisation d’une prothèse auditive conventionnelle controlatérale.
La lecture labiale peut être nécessaire en complément de l’information auditive : il faut informer le patient et l’entourage de l’évolution et des limites de l’implantation cochléaire.

Implantation après une longue durée de privation auditive

Les orthophonistes travaillent sur différents paramètres du son (la durée, la hauteur, l'intensité). Le but est de créer des représentations mentales nouvelles, d'introduire la sensation sonore dans un univers tactile et visuel. Le patient associe une sensation tactile, articulatoire au son et prends conscience du rythme de la parole : arrêt, reprise, lenteur, régularité. Il appréhende les différences grave/ aigu, leurs modulations.

Le travail sur la production orale : associer le son et la motricité bucco faciale, préciser l’articulation.
 Le débit de la parole : prise de conscience de la fluidité du discours.
L’intonation : découverte du sens porté par la mélodie (prosodie).

Ces points permettent au patient une prise de conscience de sa propre voix, de son placement vocal en s’appuyant sur l’audition, le travail du souffle, de la verticalité, des appuis, prise de conscience de l’articulation, découverte des résonateurs…

La motivation et le travail personnel du patient jouent un rôle important dans le processus de rééducation. A la suite du suivi, il dispose d'outils pour son exploration personnelle du quotidien (livres enregistrés, conseil d’investigation sonore, chanson avec paroles écrites, bruitages enregistrés…). Les échanges sont plus riches avec l’entourage qui connait les nouvelles possibilités et les limites (ne pas parler trop fort, utiliser l’oral).

Oreille controlatérale

L’implantation bilatérale est possible en France, dans certaines conditions précises.
Si l’oreille non implantée présente des restes auditifs utiles avec bénéfice prothétique, il est très vivement recommandé de porter une prothèse auditive controlatérale qui ajoute de la qualité sonore (tonalités naturelles des sons, meilleure appréciation de la musique) et de la compréhension dans le bruit.

Facteurs prédictifs

On sait qu’il existe des facteurs généraux qui influencent la qualité de la compréhension avec l’IC. Ils ont été étudiés sur de larges groupes représentatifs de la population implantée.

La durée de surdité globale : les durées de surdité moyenne et de surdité sévère à profonde influencent les résultats

Les performances décroissent progressivement avec les durée de surdités. Les meilleurs scores sont obtenus pour des durées de surdité sévère à profonde inférieures à 5 ans.

L'âge d'implantation

Si l’implantation est postérieure à 60 ans, les performances sont moins bonnes.

L'étiologie

L’étiologie ne joue qu’un rôle modéré dans les performances.

Etiology

Figure : Nombres absolus des différentes étiologies définies et recueillies dans Lazard et al., "Pre-, per- and postoperative factors affecting auditory performance of postlinguistically deaf adults using cochlear implants: A new conceptual model over time." Plos One, 2012;7:e48739

Ces étiologies sont ordonnées de la gauche vers la droite en fonction des résultats de compréhension de langage obtenues avec un implant cochléaire dans le silence : des étiologies donnant les moins bons résultats vers celles donnant les meilleurs résultats. ANSD: Auditory neuropathy spectrum disorder (neuropathie auditive). “Miscellaneous” (variés) inclue les étiologies congénitales non génétiques, l’ischémie cérébrale, la drépanocytose, les traumatismes craniens sans fracture temporale, etc. Les implantés cochléaires ayant comme étiologies celles comprises entre les 2 lignes verticales en pointillé obtiennent des performances non différentes statistiquement les unes des autres et situées autour de la moyenne de la population implantée. A gauche de ces lignes, les résultats sont inférieurs à la moyenne ; à droite, les résultats sont supérieurs à la moyenne.

 

Le port d'aides auditives

Porter régulièrement et tôt des prothèses auditives peut maintenir les circuits auditifs cérébraux actifs et réceptifs à l’IC.

Modèle au cours du temps en trois étapes des performances moyennes de compréhension de langage attendues chez un hypothétique patient sourd recevant un implant cochléaire (extrait de : Lazard et al., Plos One, 2012;7).

1. Début de surdité moyenne

2. Début de surdité sévère à profonde

3. Implantation cochléaire

a. Lent déclin des performances au court d'une surdité moyenne

b.  Déclin plus rapide des performances dont la pente est plus abrupte en cas d'absence de PA pendant cette période

c. Apprentissage, plasticité cérébrale

 

Ce qu'il faut retenir !

Une amélioration de la qualité de la vie en lien avec l’amélioration des possibilités auditives. Des résultats optimisés si :

  • la surdité est post linguale.
  • la durée de surdité est courte.
  • il y a une audition résiduelle entretenue par prothèses auditives.
  • il y a de bonnes compétences en lecture labiale.
  • le patient est motivé.
  • il y a de bonnes compétences attentionnelles.

Dernière mise à jour : 24/07/2019 11:40